Daniel Mengara bientôt au Gabon pour défier Oligui Nguema face à face
L’article 38 de la Charte de la Transition permet à tout Gabonais, civil ou militaire, de postuler à la fonction de président de la transition.
MINVOUL — Jeudi, une annonce retentissante a secoué la scène politique gabonaise: le professeur Daniel Mengara, académicien reconnu et résident du New Jersey aux États-Unis, a déclaré son intention de se rendre au Gabon le 19 août 2024 pour soumettre sa candidature au poste de président de la transition.
L’homme réputé incorruptible et radical a fait l’annonce de son retour au Gabon lors d’une émission diffusée en direct sur le réseau social Facebook. “J’ai envie de voir si le CTRI fonctionne conformément à la loi”, a-t-il dit. Et de préciser: “Il s’agit ici d’un principe de droit et d’institutions”.
Ce geste audacieux marque un tournant important dans la crise politique que traverse le Gabon depuis le coup d'État militaire du 30 août 2023, qui a abouti à la prise du pouvoir par le brigadier général Brice Clotaire Oligui Nguema.
Âgé de la cinquantaine, le Dr Mengara n'est pas un inconnu dans la politique gabonaise. Fondateur du mouvement Bongo Doit Partir dans les années 90, il est considéré par beaucoup comme le pionnier du cyber activisme au Gabon. En 2024 il annonce la création d’un parti politique, le Congrès des Citoyens Libres avec une intention claire: conquérir le pouvoir sur place au Gabon.
En 2009, il avait déjà tenté de se présenter contre Ali Bongo Ondimba lors des élections présidentielles. Toutefois, sa candidature avait été rejetée par les autorités, suscitant des controverses et des débats sur la transparence du processus électoral dans le pays.
Dans son annonce de ce jeudi, le Dr Mengara a exprimé son profond désaccord avec le régime militaire en place.
Il a également souligné l'urgence d'un retour à un gouvernement civil, transparent et démocratique.
En prenant la décision de défier Oligui Nguema et la junte du CTRI, le professeur Mengara s'engage à réparer les torts causés par des décennies de mauvaise gouvernance et à conduire le pays vers des élections libres et justes.
Ce défi lancé au général Oligui Nguema est sans précédent dans l'histoire récente du Gabon.
Dans son argumentaire, Daniel Mengara s’appuie sur une clause de la charte de la transition peu connue du grand public. Il s’agit de l’article 38 qui stipule, in fine, que toute Gabonaise et tout Gabonais peut se porter candidat à la présidence de la transition.
Le CTRI pris dans le piège des textes adoptés à la hâte ?
Le général Oligui Nguema, qui a pris le pouvoir suite à la destitution d'Ali Bongo, a depuis lors consolidé son contrôle sur le pays, promettant des réformes mais sans calendrier précis pour un retour à l'ordre constitutionnel. La décision du Dr Mengara d'entrer dans l'arène politique à ce moment critique pourrait bien redéfinir les contours du futur politique du Gabon.
Il reste à voir comment le général Oligui Nguema et ses alliés réagiront à ce challenge inattendu. Le professeur Mengara a quant à lui clairement indiqué qu'il ne reculera pas. “Il nous faut demander qu’une nouvelle élection se tienne”, a-t-il martelé.
Le Gabon, qui traverse une période d'incertitude durant cette transition, pourrait bien voir en cette candidature un espoir de changement, ou un nouveau chapitre de turbulences politiques. Les prochains jours seront cruciaux pour l'avenir du pays et pour la crédibilité de la candidature de Daniel Mengara sur la scène internationale.
