Fly Gabon: 3 questions sans réponses
Comment, où et quand Fly Gabon a recruté ses employés ? Fly Gabon est une entité indépendante ou une extension d'Afrijet ? Le flou persiste, alimentant les rumeurs d'une arnaque de haut niveau.
MITZIC — L'annonce faite par la junte au pouvoir au Gabon depuis un an revêtait tous les atouts d'un véritable conte de fées : le CTRI, ce groupe de militaires patriotes qui ont « libéré » le Gabon, a « ressuscité » la compagnie aérienne nationale du pays, énorme symbole de fierté nationale. Mais comme tout conte de fées, c'était trop beau pour être vrai.
Depuis son lancement récent, la compagnie aérienne Fly Gabon suscite de nombreuses interrogations. Cette nouvelle venue dans le ciel gabonais, qui a rapidement attiré l'attention, semble entourée d'un énorme voile de mystère. Alors que les passagers et les observateurs attendent des réponses claires, plusieurs aspects de cette entreprise demeurent flous. A commencer par son chef.
Fly Gabon : Indépendante ou filiale d’Afrijet ?
La première question qui se pose est celle de l'indépendance de Fly Gabon. Certains analystes suggèrent que Fly Gabon pourrait être une filiale d’Afrijet, une compagnie aérienne bien établie au Gabon.
Toutefois, aucune confirmation officielle n’a été faite à ce sujet. La confusion règne sur le statut réel de Fly Gabon : est-elle une entité complètement indépendante ou une extension de l'entreprise Afrijet ? Cette ambiguïté n'a fait qu’alimenter les spéculations.
Nyl Charles Moret-Mba est-il DG de Fly Gabon ou directeur d’Afrijet ?
Le rôle de l’actuel DG de Fly Gabon, Nyl Charles Moret-Mba, est très flou. Si dans l'imaginaire populaire ce jeune compatriote dynamique est le nouveau tout puissant directeur général du nouveau Air Gabon ressuscité, certaines indiscrétions laissent entendre qu'il ne serait rien d'autre qu'un simple directeur d’Afrijet, donc sous l'autorité de la maison mère et contraint de se voir imposer une ligne de conduite par une hiérarchie qui est hors du Gabon et qui n'a pas forcément le bien-être du contribuable gabonais au centre de ses priorités.
Les rôles et responsabilités exacts de cette figure clé restent obscurs, ajoutant une couche supplémentaire au mystère qui entoure la compagnie. Même son profil sur Facebook est verrouillé, un geste d'opacité bizarre lorsqu'il s'agit d'une personnalité présumée publique. Escroquerie ou amateurisme ?
Fly Gabon recrute où et quand ?
Un autre mystère concerne le recrutement du personnel pour Fly Gabon. Jusqu'à présent, aucune annonce de recrutement n’a été publiée, ce qui laisse les observateurs perplexes. D'autant plus que les premiers vols ont déjà eu lieu.
Comment, où et quand la compagnie a-t-elle recruté ses employés ? Même sous l'hypothèse de recrutements dits de copains et de coquins comme au concours de la police, il y a quand même eu une annonce publique. Mais pas dans le cas de Fly Gabon.
Deux hypothèses se présentent: soit Fly Gabon est une succursale de Afrijet et donc il a juste fallu réaffecter le personnel existant pour cette sous entité plutôt que d'embaucher de nouveaux employés ; soit Fly Gabon est une entreprise privée indépendante qui loue les permis d'exploitation d'Afrijet et son staff.
Ces interrogations jettent un flou non seulement sur la transparence et la gestion de la compagnie, mais aussi et surtout sur la sincérité du CTRI, son promoteur au Gabon.
En république, la transparence est un impératif
Quand les autorités gabonaises, en tête desquelles le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, fourniront-elles des réponses claires et détaillées concernant ces mystères qui entourent Fly Gabon ?
Le contribuable gabonais, garant ultime des folies dispendieuses des gouvernants au nom de l'État, a droit à la transparence sur les opérations des entreprises publiques et semi-publiques, surtout lorsqu'il s'agit de quelque chose d'aussi important que l'aviation commerciale.
Malheureusement, la junte du CTRI qui a pris le pouvoir au Gabon il y a un an continue de brouiller les cartes et de masquer la vérité.
Mais comme l’a si bien chanté Bob Marley s'inspirant d'Abraham Lincoln, « vous pouvez duper une partie du peuple pendant un certain temps, mais vous ne pouvez pas duper tout le peuple tout le temps ».
Les autorités devront bientôt répondre à ces questions, faute de quoi elles risquent de perdre la confiance du public, au grand péril des généraux.
