Coup de force constitutionnel: 801 amendements en 10 jours !
Le parlement de la transition, aux ordres de la junte du CTRI, dit avoir analysé 801 amendements à la Constitution du Gabon en 10 jours, soit 80 textes par jour!
MAKONGONIO – Il y a des limites à la décence politique, et la dernière révélation émanant du parlement de transition au Gabon est une preuve flagrante de leur dépassement. Les membres de ce parlement, tous nommés unilatéralement par le chef de la junte au pouvoir, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, viennent d'annoncer qu'ils avaient seulement 10 jours – oui, 10 jours – pour lire, assimiler, débattre et voter sur un total ahurissant de 801 amendements à la constitution proposée par la junte. Une manœuvre qui dénature entièrement les principes d’un processus démocratique transparent et inclusif.
Les plus gros bosseurs de la planète
Dans la plupart des démocraties du monde, 10 jours ne suffisent même pas pour inscrire une proposition de loi sur le calendrier parlementaire. Au contraire, un projet de loi passe généralement par une série d’étapes bien établies : lecture publique, débat approfondi, témoignages d'experts, discussions en commissions spécialisées, et enfin, une révision complète avant qu'il ne soit soumis au vote en plénière.
Pourquoi?
Parce que chaque article et amendement doit être débattu, pesé et examiné avec rigueur. Mais au Gabon, nous sommes en train d'assister à une mascarade où ces processus fondamentaux de la démocratie sont court-circuités au nom de l’urgence ou, plus précisément, de l’opportunisme.
Des amateurs en treillis aux tocards en cravate
Comment est-il possible de prendre au sérieux un tel simulacre ? Comment les prétendus représentants du peuple – ou plutôt, les marionnettes du pouvoir en place – peuvent-ils prétendre offrir des garanties d’impartialité et de sérieux lorsqu’ils se voient imposer une tâche aussi titanesque en si peu de temps ?
La réponse est simple : ils ne peuvent pas. Ce processus éclair semble conçu non pas pour renforcer la légitimité constitutionnelle du pays, mais pour consolider l'autorité de la junte à travers une façade démocratique.
Une constitution est l'âme d'une nation, le texte fondamental qui façonne et protège les droits des citoyens. Elle doit être l'objet d'une attention minutieuse, d'un examen approfondi, d'un consensus national.
Coup de force constitutionnel
Au Gabon, cependant, l'âme de la nation est en train d'être remaniée à la hâte dans les coulisses du pouvoir, sans consultation véritable, sans débat réel, sans le temps nécessaire pour que les citoyens et leurs représentants comprennent les enjeux.
Ce coup de force constitutionnel est une insulte non seulement à la démocratie, mais aussi à l’intelligence des Gabonais et de la communauté internationale. Dix jours ne sont pas un délai raisonnable pour débattre de l'avenir d'une nation. C'est à peine assez de temps pour comprendre l’ampleur des changements proposés, et encore moins pour en discuter sérieusement.
Les transitions politiques exigent de la patience, de la transparence et de l’intégrité. Si le Gabon aspire à une véritable démocratie, ses dirigeants doivent s'engager à respecter ces principes, plutôt que de se livrer à des manœuvres précipitées qui ne servent qu'à leur propre maintien au pouvoir. Les Gabonais méritent mieux que cette parodie de réforme constitutionnelle. Ils méritent un avenir où leurs voix comptent vraiment. Le parlement de la transition vient de prouver qu'il n'est pas à la hauteur de leurs attentes.