Mensonge d'État : d'où viendra l'électricité de Libreville 2 ?

Mensonge d'État : d'où viendra l'électricité de Libreville 2 ?
Le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema (au centre) sur un chantier. (Photo: Présidence)

Comme le CTRI n'est pas capable de maintenir le courant dans la capitale actuelle, comment pourrait-il alimenter une nouvelle métropole ?

MALINGA — Depuis le coup d'État d'août 2023 qui a porté le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema au pouvoir, la question de l'approvisionnement en électricité au Gabon est devenue de plus en plus préoccupante. Alors que la junte du CTRI promettait des réformes majeures pour améliorer le quotidien des Gabonais, la réalité sur le terrain s'éloigne des ambitions proclamées par nos amateurs bien aimés en treillis. La situation actuelle de la fourniture d'électricité, avec des coupures à répétition et un manque de clarté, soulève de sérieuses interrogations sur la faisabilité des projets futurs, en particulier celui de Libreville 2.

Selon une dépêche de l'Agence Gabonaise de Presse, la ville de Koulamoutou, située dans le sud du pays, a été privée d'électricité pendant plus de 24 heures sans aucune explication.

Cette panne prolongée n'est pas un cas isolé ; la capitale du Gabon, Libreville, connaît depuis des mois des coupures d'électricité quasi permanentes sous forme de délestages tournants. Cette situation a un impact direct sur la qualité de vie des habitants, ainsi que sur l'économie nationale, freinant la productivité et les activités des petits détaillants.

Le manque d'électricité cause aussi des problèmes de santé, vu que les ménages sont obligés de consommer des aliments qui ont dégivré pendant des heures et des heures dans les frigos et les congélateurs.

Libreville 2, un rêve trop ambitieux ?


Le général Oligui Nguema et ses compères du CTRI ont exprimé la vision d'un Gabon modernisé, avec la création d'une nouvelle ville, Libreville 2. Ce projet de grande envergure, censé symboliser le développement économique et urbain du pays, repose sur un élément fondamental : l'énergie. Or, la situation énergétique actuelle du pays, marquée par des infrastructures vieillissantes, un manque d'investissements et une gestion déficiente, laisse présager de sérieux défis.

L'approvisionnement en électricité repose sur un ensemble complexe de ressources, d'infrastructures et de gestion. Le Gabon tire principalement son électricité des centrales hydroélectriques, avec quelques contributions des centrales thermiques alimentées par des énergies fossiles. Au Gabon, ces infrastructures sont vieillissantes et souffrent d'un manque de maintenance. De plus, la demande en énergie croissante, alimentée par une population urbaine en pleine expansion, exerce une pression supplémentaire sur un réseau déjà saturé.

Pour construire et alimenter une ville comme Libreville 2, il faudrait non seulement augmenter la production d'énergie de manière significative, mais aussi moderniser le réseau de distribution pour éviter les pannes fréquentes. Or, la construction de nouvelles infrastructures électriques nécessite des investissements massifs, des partenariats avec des acteurs privés ou internationaux, ainsi qu'une gestion rigoureuse pour assurer la durabilité de ces installations. Il ne suffit pas de menacer la SEEG.

Le poids des délestages sur l'économie

Les délestages actuels à Libreville et dans d'autres villes illustrent clairement le manque de planification et d'investissements dans le secteur énergétique. Chaque panne représente une perte pour l'économie, les petites et moyennes entreprises étant incapables de fonctionner normalement, avec des répercussions pour les citoyens, qui voient leur quotidien perturbé. Ces délestages quasi constants à Libreville font douter de la capacité de la junte du CTRI à tenir ses promesses de développement.

Si le gouvernement n'est pas capable de maintenir un approvisionnement en électricité stable pour la capitale actuelle, comment pourrait-il envisager d'alimenter une nouvelle métropole moderne ?

Libreville 2 risque de ne jamais voir le jour

Des projets annoncés à grande pompe ne sont rien de nouveau au Gabon. Combien de fois avons-nous vu l'ex-président Ali Bongo poser la première pierre de tel ou tel projet ? Au final, très peu se sont matérialisés. Donc si le CTRI croit nous surprendre, il se trompe royalement.

En l'absence de réformes structurelles et d'investissements majeurs dans le secteur énergétique, Libreville 2 risque de rester un projet irréaliste. Le Gabon peine à assurer l’électricité à ses villes existantes. Les promesses de modernisation et d'urbanisation semblent vaines face aux délestages qui perdurent et à l'absence de solutions viables pour répondre à la demande en énergie croissante.

L'avenir énergétique du Gabon reste incertain, et le rêve d'une nouvelle capitale moderne pourrait bien s'effondrer avant même d’avoir commencé.

Pour l’heure, les pannes à Koulamoutou et les délestages à Libreville jettent un doute sur la capacité de la junte du CTRI à résoudre les problèmes énergétiques. Tant que le gouvernement ne sera pas en mesure d'améliorer l'approvisionnement en électricité, la vision de Libreville 2 semble être un mirage, un rêve impossible à atteindre dans le contexte actuel.