« Y'a pas cours! On veut les WC » : le CTRI facilite l'abandon scolaire

« Y'a pas cours! On veut les WC » : le CTRI facilite l'abandon scolaire
Le geste à la fois audacieux et désespéré des enfants du lycée public de Mikolongo à Libreville. (Photo: Facebook)

Les toilettes dans les écoles ne sont pas un luxe, mais un droit fondamental. Camelia Ntoutoume Leclercq doit démissionner.

MÉKAMBO — Lundi 7 octobre, une image poignante a fait le tour des réseaux sociaux : des centaines d'adolescents gabonais rassemblés dans la cour d’un établissement, brandissant une bannière sur laquelle on pouvait lire : « Y'A PAS COURS ! ON VEUT LES WC ».

Ce geste, à la fois audacieux et désespéré, n’est que le reflet d’une triste réalité que vivent de nombreux enfants à travers le pays. Ces écoliers ne sont pas les seuls à étudier dans des établissements dépourvus de toilettes fonctionnelles ; ils sont simplement les plus courageux à avoir osé dénoncer cette situation déplorable.

Pourtant les difficultés de l'établissement en question, à savoir le lycée public de Mikolongo, dans la zone nord de Libreville, sont bien connues des autorités. Pour preuve: un reportage télévisé datant de novembre 2023 déplorait déjà les conditions d'apprentissage là-bas. Rien n'a été fait.

Sanitaires et abandon scolaire chez les filles

Plusieurs études ont démontré que l'absence de toilettes adéquates dans les écoles a un impact direct sur la fréquentation scolaire, en particulier chez les filles à l'âge de la puberté.

Il est incompréhensible qu’au XXIe siècle, les autorités puissent concevoir des établissements scolaires sans inclure des infrastructures sanitaires essentielles. Pourtant, la ministre de l'Éducation du Gabon, Camelia Ntoutoume Leclercq, une des responsables les plus cyniques de l’heure, reste indifférente face à cette situation qui perdure. Cette fameuse ministre, qui n’a pas hésité à changer son allégeance de l’ex-président Ali Bongo au général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, chef actuel de la junte du CTRI, se moque des besoins élémentaires des enfants des Gabonais lambda.

Comment expliquer qu’en 2024, dans un monde où les droits des enfants et l’accès à l’éducation devraient être prioritaires, des écoles puissent encore être construites sans toilettes ? Ce manque de considération pour les conditions de base nécessaires à l'apprentissage témoigne d'un cynisme profondément ancré dans les cercles du pouvoir. Un cynisme qui atteint un nouveau sommet quand on se rend compte que cette junte n’hésite pas à dépenser des sommes extravagantes pour des voyages à l’étranger sans grande utilité.

Prenons un exemple récent : lors de sa dernière visite aux États-Unis, le général Oligui Nguema a distribué 200 000 euros en espèces à des vagabonds de la diaspora venus l’applaudir dans un hôtel luxueux à Washington. Avec les 500 euros donnés à chacun de ces individus, il serait possible de construire des centaines de toilettes fonctionnelles dans les écoles du pays. Mais cette priorité semble bien loin des préoccupations de la junte au pouvoir.

Le CTRI perpétue la triste réalité de deux Gabon

Le message est pourtant clair. Lorsqu'il dépose ses propres enfants dans une école française de Libreville, notre bien-aimé général-président montre ouvertement la voie à suivre : il y a deux Gabon. Un pour les privilégiés (les copains et les coquins), où tout est luxe et confort, et un autre pour les laissés-pour-compte, où même les besoins les plus basiques sont ignorés.

Sous le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), tout comme sous les années Bongo, il est évident que cette dualité est maintenue de manière délibérée. L'incompétence de la junte actuelle, combinée à un cynisme cruel, continue de priver nos enfants de l’avenir qu’ils méritent.

Il est grand temps de dénoncer ces injustices et de réclamer un véritable changement. Nos enfants ne peuvent pas apprendre dans de telles conditions. Les toilettes dans les écoles ne sont pas un luxe, mais un droit fondamental. Combien de temps encore devrons-nous attendre avant que nos dirigeants prennent leurs responsabilités ?

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