Électricité: Oligui fait du « vaudou économique » à la SEEG

Électricité: Oligui fait du « vaudou économique » à la SEEG
L’immeuble de la SEEG, cette dame « mal tressée et à la bouche pointue » (Photo: Gabon Infos)

Face aux coupures d’électricité, la junte du CTRI annonce une série de mesures sans aborder le fond du problème.

MÉKAMBO — Le communiqué No. 065 annoncé mardi soir par le porte-parole du CTRI, le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, visant à répondre aux délestages intempestifs et récurrents, laisse les Gabonais dans le doute.

Si le public dans son ensemble salue la tentative par les autorités de la transition de prendre à bras le corps le dossier énervant de la Société d'Énergie et d'Eau du Gabon (SEEG), force est de constater que le fond du problème reste entier.

Mesures impotentes

Au cœur de ces nouvelles mesures, on note la mise sous tutelle de la SEEG, la réduction du nombre de directeurs aux salaires kilométriques, une baisse du coût de raccordement à l'électricité, et le refus d’une réduction des effectifs.

Si ces mesures semblent, à première vue, être des réponses acceptables face à une crise énergétique qui perdure, un examen plus attentif révèle de sérieuses lacunes dans cette stratégie, que l’on pourrait qualifier de «vaudou économique».

L’épineux problème de la dette étatique reste entier

D’abord, nulle part dans ce décret il n'est fait mention du remboursement total et non negotiable de la dette colossale que l’État gabonais doit à la SEEG.

Cette dette, accumulée au fil des années, a étouffé financièrement l’entreprise, limitant sa capacité à investir dans l'entretien et l'amélioration de ses infrastructures.

Comment la SEEG, même sous tutelle, pourra-t-elle fonctionner efficacement si les dettes de l'État continuent de peser sur ses opérations ?

Certains privilégiés ne paient pas

Ensuite, rien n’a été dit sur l’équité des paiements visant notamment des hauts responsables, y compris les ministres et autres dignitaires.

Chacun sait que ces derniers, protégés par leur statut, échappent fréquemment à leurs obligations de paiement, plongeant ainsi davantage la SEEG dans la crise. Pourtant ce sont eux qui consomment le plus pour alimenter leurs vastes domaines.

Comment expliquer que les autorités de la transition n'ont pas inclus une mesure pour obliger ces gros bonnets à payer leur juste part ?

Il faut injecter de la concurrence

De plus, l’annonce du CTRI est étrangement silencieuse sur la question cruciale de la concurrence dans le secteur de l’énergie au Gabon.

Pourtant, les experts s’accordent à dire qu’une bonne dose de compétition va injecter de l’innovation et une baisse des tarifs dans ce secteur crucial de l’économie et du bien-être collectif. Pourquoi en faire un tabou ?

Or le communiqué lu par le ministre Manfoumbi Manfoumbi ne fait aucune mention d’un nouvel appel d’offres pour ouvrir le marché de l’électricité à d’autres opérateurs, ce qui est pourtant un facteur clé pour améliorer la qualité du service.

La monopolisation continue du secteur par une SEEG affaiblie sous tutelle étatique laisse peu d'espoir pour une véritable amélioration des services aux citoyens.

Il faut aussi raser le crâne des responsables pirates de la SEEG

Enfin, que dire du silence assourdissant des autorités sur les noms des responsables qui ont piraté la SEEG pour créer un système de facturation parallèle, siphonnant ainsi des milliards ? Ces actes criminels, qui ont contribué à la situation désastreuse actuelle, ne peuvent rester impunis.

Le peuple gabonais mérite de connaître la vérité, et ces criminels en col blanc doivent être traduits en justice et rasés avec la même célérité que celle réservée aux petits bangandos de Port-Gentil.

Le contraste est frappant : la justice gabonaise se montre d’une rapidité exemplaire pour filmer et humilier les petits criminels, mais elle traîne les pieds et reste opaque lorsqu'il s'agit de crimes à fort impact économique. Ce double standard ne peut plus durer. Le peuple gabonais exige non seulement des solutions aux problèmes énergétiques, mais aussi une justice équitable et transparente pour tous, sans exception.

Gagner du temps et être élu

Au final, il est clair que l’annonce de mardi soir sert seulement au général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema à gagner du temps. Loin de résoudre le défi des coupures d’électricité, il veut mettre ce dossier en berne en attendant d’être élu en 2025. Enfumage !

La population gabonaise est fatiguée des promesses vides.

Il est temps que les autorités gabonaises sortent du cercle vicieux de la gestion de crise et s'engagent dans une véritable réforme qui mette fin à l'impunité et assure un avenir énergétique stable pour tous. Le peuple attend, et le temps presse.