« Grand Maître de l’Ordre National de la Libération » : quand Oligui se décore lui-même
Comment oser parler de libération alors que les privilégiés d’hier sous le régime Bongo sont encore plus intouchables sous le CTRI?
MEDOUNEU — Il y a un an, la junte militaire du CTRI prenait le pouvoir au Gabon, renversant ainsi le gouvernement mal élu d’Ali Bongo et plongeant le pays dans une ère d'incertitude. Aujourd'hui, ces mêmes militaires, dans un geste d'une ironie incroyable, annoncent la création d'une nouvelle médaille, l'Ordre de la Libération, pour récompenser leurs propres actes. Une médaille qui, en vérité, ne célèbre rien d'autre que leur propre vanité et leur soif de légitimation.
La parodie de la « Libération »
L'Ordre de la Libération, censé récompenser ceux qui ont « sauvé » le Gabon, est une parodie grotesque.
Qui sont ces prétendus héros ? Ceux-là mêmes qui par le passé avaient pris les armes contre leur propre peuple, semant la peur et l'instabilité. Ceux-là même qui avaient bombardé le QG de l’opposant Jean Ping en 2016.
L'idée même de s'autocongratuler pour un coup d'État durant lequel il n’y avait personne en face relève en soi d'un narcissisme des plus flagrants. Cette médaille ne symbolise pas la libération, mais bien l'égocentrisme et l'opportunisme de ceux qui cherchent à réécrire l'histoire à leur avantage.
Contraste avec l'humilité du général Lê Đức Thọ
Pour mieux saisir l'absurdité de cette vanité du général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, contrastons-la avec l'attitude de Lê Đức Thọ, un général du Nord-Vietnam.
En 1973, en pleine guerre du Vietnam, Lê Đức Thọ est désigné lauréat du prix Nobel de la paix, qu’il devrait partager avec l’Américain Henry Kissinger. Il refuse catégoriquement, estimant que la paix entre Vietnamiens était loin d’être un acquis. L’histoire lui donnera raison et il reste à ce jour l’unique lauréat du prestigieux Nobel de la paix à avoir rejeté cette distinction.
Contrairement au général Lê Đức Thọ qui comprenait que la paix ne pouvait pas être célébrée alors que son pays était encore en conflit, le général Oligui Nguema et le CTRI ont plutôt choisi la voie de l'auto-glorification.
L'Ordre de la décadence?
La junte gabonaise, en créant cette médaille, montre qu’elle est vraiment coupée de la réalité du terrain.
Comment parler de libération alors que le chômage est loin de reculer? Comment oser parler de libération alors que les privilégiés d’hier sous le régime Bongo sont encore plus intouchables sous le CTRI?
Ainsi, le CTRI a choisi de s'enfermer dans une bulle de vanité, loin des véritables besoins du peuple gabonais.
La vérité c’est que la création de l'Ordre de la Libération par la junte du CTRI n’est qu’un geste désespéré pour tenter de légitimer le général Oligui Nguema aux yeux d'un peuple gabonais qui ne l’a jamais élu. C'est une insulte aux véritables valeurs de liberté et de justice. En se récompensant eux-mêmes pour une prétendue libération, ces militaires du CTRI ne font que souligner leur propre cupidité et leur manque de respect pour la véritable histoire et les véritables héros du Gabon.