Gabon : l'urgence d'une loi sur la limitation des voyages
Vu que son charme s’essouffle, le général Oligui Nguema lance une énième tournée « républicaine » à travers le Gabon. En vain.
MANDJI — Il semblerait que le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, actuel leader de la junte gabonaise du CTRI, a trouvé une nouvelle passion : arpenter sans relâche le pays pour ce qu’il appelle « tournée républicaine ».
À croire qu’un seul tour du Gabon ne suffit plus, le voici déjà reparti pour la troisième fois dans les coins et recoins du pays, comme s’il espérait que, cette fois, le charme va enfin marcher. Mais en réalité, ces périples répétés laissent planer une question : pourquoi aligner tournée après tournée avec tant d'insistance ? Il ne se rend pas compte que son opération de séduction peine à convaincre ?
Le mois de juin dernier, lors de son dernier passage dans plusieurs villes de l’intérieur, y compris à Lambaréné, même le tam-tam de la françafrique Radio France Internationale (RFI) n’a pu faire autrement que de noter une baisse de la popularité de celui que certains Gabonais moqueurs appellent désormais « Josué de Ngouoni ».
Gâchis de deniers publics
Pourtant, bien avant ce constat d’échec, Oligui Nguema avait déjà parcouru le pays, débloquant çà et là des milliards de francs CFA pour tenter d’acheter la sympathie de la population. Avec ces généreux gestes, il semblait croire qu’il pourrait asseoir son autorité par la simple largesse budgétaire hors normes. Mais visiblement, cette stratégie de dispersion des fonds publics n’a pas suffi à rallier les cœurs des Gabonais.
Aujourd’hui, la junte du CTRI revient donc à la case départ. Pourquoi ce retour en force sur le terrain ?
Cette fois-ci, il s’agit d’une nouvelle offensive pour promouvoir sa révision constitutionnelle – un texte ambigu et manifestement mal pensé et rédigé de façon médiocre – qui doit être soumis à référendum le 16 novembre prochain. Plutôt que de convaincre par la clarté et la légitimité de son projet, Oligui tente de miser sur le matraquage physique et médiatique.
Peut-être serait-il temps que le parlement des nommés propose une loi limitant le nombre de déplacements que le chef de l’État peut entreprendre sur le dos du contribuable. Ce serait, au moins, une avancée tangible dans une république qui semble tourner en rond.