Mea culpa d'Ali Bongo: 5 questions sans réponses

Mea culpa d'Ali Bongo: 5 questions sans réponses
L'ancien président Ali Bongo Ondimba avec son épouse Sylvia Valentin et quelques dignitaires de son régime, dont Rose Ossouka Raponda. (Photo: Présidence)

La lettre d'excuses de l'ancien président ne va pas assez loin. Et si Oligui tentait de préparer l'opinion publique à une amnistie du clan Bongo ?

MANDJI — L’ancien président gabonais, Ali Bongo, destitué il y a un an par un coup d’État militaire, a publié récemment une lettre ouverte. Dans ce texte, il reconnaît que son régime n’a pas su répondre aux besoins fondamentaux des Gabonais.

Il y affirme également n’avoir aucune intention de revenir en politique et appelle à la libération de sa femme Sylvia et de son fils Noureddin, actuellement détenus.

Pourtant, plusieurs questions cruciales restent sans réponse. Voici les 5 interrogations qu’il a soigneusement évitées :

  1. Ali Bongo a-t-il jamais détourné l’argent du Trésor public ?
    Le peuple gabonais a le droit de savoir si l'ancien président a abusé de son pouvoir pour accumuler une fortune personnelle au détriment des finances publiques. La restitution des fonds publics détournés constituerait un geste fort pour la reconstruction de la confiance entre l'État et les citoyens.
  2. Ali a-t-il ordonné que les militaires tirent sur des civils ?
    Lors des manifestations et troubles, de nombreux citoyens ont été victimes de répression. La question reste de savoir s'il a délibérément autorisé l’usage de la violence pour faire taire l’opposition. Le bombardement du QG de son challenger Jen Ping en 2016 reste un des épisodes les plus sombres de l'histoire du Gabon. Qui tirait les ficelles ?
  3. A-t-il jamais produit ou utilisé des faux papiers ?
    La légitimité de son règne repose sur l’intégrité des processus électoraux. Les allégations de fraude et de falsification ont plané sur son régime. Le doute qui s'était installé depuis 2009 après la présentation de son acte de naissance a été renforcé en 2023 avec le quitus médical qui lui avait été délivré alors que le monde entier voyait bien qu'il était devenu inapte. On peut même pousser le bouchon jusqu'à se demander si la lettre produite mercredi en son nom a vraiment été rédigée sous son inspiration. La fraude, c'est mauvais !
  4. Après son AVC en 2018, qui l’a empêché de quitter ses fonctions ?
    Son état de santé a été un sujet de préoccupation majeure. Pourquoi n'a-t-il pas choisi de passer la main, alors que sa capacité à gouverner était mise en doute ?
  5. Admet-il que le professeur Albert Ondo Ossa l’a battu en 2023 ?
    La transparence électorale est essentielle. La reconnaissance de sa défaite serait un pas vers la vérité et la réconciliation.

Vers une amnistie du clan Bongo ?

Ali Bongo a certes exprimé des regrets dans sa lettre, mais ces cinq questions demeurent essentielles pour le peuple gabonais.

Cet acte d’introspection publique, bien que surprenant, semble être moins un mea culpa sincère qu’une manœuvre politique bien calculée. En effet, en admettant ses erreurs, Ali Bongo amorce ce qui pourrait bien être une stratégie visant à obtenir un pardon anticipé pour lui-même et sa famille, en particulier sa femme Sylvia et leur fils Noureddin, tous deux impliqués dans des affaires de corruption.

Cet aveu de culpabilité peut donc être interprété comme le premier pas vers une tentative de réhabilitation du « clan Bongo » par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema.

Ce geste pourrait préparer le terrain à une campagne visant à éviter des poursuites judiciaires plus sévères. Une telle stratégie, si elle réussit, pourrait permettre à la famille Bongo de se tirer d’affaire sans répondre pleinement des décennies d'abus de pouvoir et de détournements de fonds publics. En d'autres termes, une grosse erreur de la part du CTRI.

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