Primature : l'absurdité du télétravail sous les délestages
Le Premier ministre de la transition Raymond Ndong Sima a lancé cette semaine une formation bidon sur le travail à distance en utilisant le logiciel Zoom, selon nos confrères de Gabon Review.
MITZIC — Il y a des moments où les Gabonais se demandent si nos dirigeants vivent vraiment dans le même pays que nous. Dernière preuve de ce décalage abyssal entre la réalité du peuple et les rêves absurdes de nos gouvernants : le Premier ministre de la transition, le autrefois très respectable Raymond Ndong Sima, a eu la brillante idée d'organiser une formation sur le télétravail… via Zoom! Oui, vous avez bien lu. Une formation sur un outil de visioconférence en ligne dans un pays où les coupures d'électricité sont monnaie courante et où l'accès à Internet est obtenu à un prix exorbitant.
Faut-il rappeler au Premier ministre que, sans électricité, il n’y a ni ordinateur, ni connexion Internet, ni Zoom ? Et même lorsque le courant daigne nous honorer de sa présence pendant quelques heures, le coût de l'accès à Internet au Gabon est parmi les plus élevés au monde.
C'est sans parler de la qualité de la connexion, souvent capricieuse, qui rend presque impossible une utilisation fluide des outils de travail en ligne. Mais peu importe, le Premier ministre semble préférer ignorer ces détails pour lui insignifiants et s'enthousiasme pour le télétravail comme si le Gabon était la Silicon Valley, en Californie.
Cette formation Zoom est une gifle à la face des fonctionnaires gabonais.
Plutôt que de perdre du temps à faire semblant avec des pseudo-solutions inadaptées à notre contexte, le Premier ministre Ndong Sima ferait mieux de se concentrer sur les véritables priorités. Ce dont le Gabon a réellement besoin, c’est d'un accès stable et abordable à l'électricité, à l'eau potable et à Internet. Nous n'en sommes pas là aujourd'hui, et c'est un véritable scandale.
Monsieur le Premier ministre, au lieu de rêver d'un Gabon ultra-connecté, commencez par faire le nécessaire pour que chaque citoyen ait accès aux besoins les plus fondamentaux. C’est votre responsabilité, et pour l'heure vous avez démontré que ce dossier vous dépasse.