Référendum : le CTRI triche dans le choix des couleurs
Le choix colorimétrique du vert pour le « oui » et le rouge pour le « non » n'est pas simplement esthétique, c'est une escroquerie.
MANDJI – Le 16 novembre prochain, les électeurs gabonais seront amenés à voter lors d’un référendum crucial. Cependant, la préparation de ce scrutin semble déjà entachée par des stratégies subtiles, mais non moins douteuses, mises en place par la junte du CTRI pour influencer les électeurs. En effet, selon l’Agence Gabonaise de Presse (AGP), le ministère de l’Intérieur a annoncé que deux couleurs de bulletins seront disponibles : rouge pour le « non » et vert pour le « oui ».
À première vue, cette différenciation de couleurs pourrait sembler anodine. Mais un regard plus attentif soulève des questions quant à l’intention réelle de cette sélection.
Le rouge, associé au danger ou à un signal d’alerte, est de toute évidence une couleur peu engageante pour exprimer une opinion négative, tandis que le vert, symbole d’approbation et de sécurité, invite davantage les électeurs à opter pour le « oui ». Ce choix colorimétrique n'est donc pas seulement une question esthétique; il véhicule un message subtil et pourrait bien orienter la perception des électeurs, influençant de manière biaisée un acte démocratique supposé impartial.
Hermann Immongault, juge et partie
Le rôle d’un ministère de l’Intérieur, rappelons-le, devrait être celui d’un arbitre neutre, garantissant l’équité du processus électoral. Or, en choisissant des symboles aussi suggestifs, les autorités gabonaises – à commencer par le ministre de l'Intérieur Hermann Immongault – rompent avec ce principe fondamental de neutralité.
Pourquoi ne pas avoir choisi le jaune pour le « non », une couleur qui, elle, ne porte pas les mêmes connotations négatives ? Ce manque de neutralité de la part du ministère est non seulement discutable sur le plan éthique, mais également illégal, car un organe gouvernemental n’a en aucun cas le droit d’orienter les choix électoraux.
On triche en treillis
Cette stratégie n’est pas seulement un problème pour le référendum du 16 novembre. Elle pourrait être un aperçu des futures élections sous la junte dirigée par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a choisi, malgré les conseils de plusieurs experts en démocratie, de ramener le contrôle des élections au sein d’un ministère gouvernemental plutôt que de créer une entité indépendante et impartiale. Ce qui devrait être une décision entre les mains du peuple semble désormais contrôlé par les autorités. Donc le Gabon aura fait du surplace: on est partis de la triche du PDG à la triche des hommes en treillis.
Que les Gabonais restent vigilants, car les signaux actuels montrent que la route vers une démocratie véritablement transparente et impartiale pourrait être encore plus longue et semée d’embûches sous la junte du CTRI.