Ivre, un allié d’Oligui admet la nécessité d’une commission vérité et réparation
Sous l'influence de l'alcool, Landry Amiang Washington démontre l’impératif de convoquer les dirigeants de l’ancien régime.
MAKONGONIO — L'actualité politique au Gabon vient d’être marquée par une révélation inattendue qui va indubitablement faire grand bruit.
Lors d'un après midi arrosé sur les rives de l’Ogooué depuis son Ndjolé natal, Landry Amiang Washington, un des proches parmi les plus proches alliés du général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de la junte au pouvoir, a admis que le pays avait effectivement besoin d'une Commission Vérité, Réparation et Réconciliation.
Cette déclaration surprenante, faite sous l'emprise de l'alcool, contraste radicalement avec la position officielle adoptée jusqu'à présent par le régime du CTRI, au pouvoir depuis un an.
Un tabou lors du dialogue
Depuis la prise du pouvoir par la junte, le sujet de la réconciliation nationale et de la vérité sur les abus passés a été systématiquement évité.
Lors du dialogue dit “national inclusif“ tenu en avril dernier, de nombreux Gabonais avaient exprimé leur désir de voir une commission de vérité se pencher sur les exactions commises par les différents régimes précédents.
Pourtant, les généraux — par le biais de la ministre Mireille Minkoue épouse Mintsa — avaient catégoriquement bloqué toute discussion sur ce point, faisant preuve d'une obstination manifeste à ne pas ouvrir ce chapitre délicat de l'histoire du Gabon.
L'attitude du gouvernement sur cette question a alimenté la frustration et la méfiance au sein de la population, qui voit dans ce refus une volonté de masquer la vérité et de protéger les auteurs d'abus.
Jusqu'à ce jour, la junte s'était retranchée derrière un discours creux qui prétendait que le Gabon avait besoin de toutes ses filles et de tous ses fils pour aller de l’avant.
Un aveu embarrassant sous le musungu
Cet aveu de Landry Amiang Washington, bien que non intentionnel, jette une lumière crue sur les véritables pensées qui circulent en privé même parmi les plus radicaux des alliés du général Oligui Nguema.
L'idée qu'une commission vérité, justice, réparation et réconciliation est non seulement nécessaire mais inévitable remet en question l'intégrité du discours public du régime CTRI.
L’aveu de Landry Amiang révèle aussi un fossé troublant entre ce que les dirigeants disent en public et ce qu'ils admettent en privé. Ou sous le coup du whisky.
Mauvaise foi
C’est quand même inquiétant de constater que ce n'est que dans l'ivresse ou derrière des portes closes que la vérité émerge.
Ce genre de confession, même si elle survient dans un contexte informel et peu flatteur, expose la mauvaise foi des proches du général Oligui Nguema.
En bloquant le débat sur la vérité et la réconciliation tout en reconnaissant quand même en privé sa nécessité, le CTRI et leurs alliés montrent qu'ils sont plus soucieux de préserver leur pouvoir que de répondre aux aspirations légitimes du peuple gabonais.
Cette duplicité ne fait qu'accroître la défiance du public à l'égard du régime et souligne l'urgence d'une véritable transparence pour permettre au Gabon de tourner définitivement la page sur des décennies de troubles et d'injustice.
Dans un contexte où le peuple réclame justice et vérité, il devient impératif de questionner les intentions réelles des autorités en place.
S'il est une chose que cette anecdote révèle, c'est que la réconciliation nationale ne peut être reportée indéfiniment, et qu'elle ne sera authentique que si elle est abordée avec sincérité et avec courage par ceux qui prétendent gouverner pour le bien du Gabon. De ce point de vue, Landry Amiang est un patriote.