Un allié d’Oligui admet que la justice est en panne sous le CTRI
Conduit à la prison de Libreville sur la base d’une simple plainte et sans être entendu, l’ex-activiste Landry Amiang dénonce une justice kafkaïenne sous l’ère de la « libération ».
MOABI — Dans le célèbre roman de Franz Kafka, Le Procès, un homme ordinaire, Joseph K., se retrouve soudainement pris au piège d’un système judiciaire absurde et impitoyable, accusé d’un crime dont il ne connaît ni la nature ni la gravité.
Il se retrouve entraîné dans une spirale d’injustice, incapable de se défendre face à une machine bureaucratique opaque.
Cette œuvre emblématique semble aujourd’hui résonner étrangement avec la réalité gabonaise, où les promesses de justice et de transparence clamées haut et fort par la junte du CTRI se heurtent à des pratiques inquiétantes.
Landry Amiang Washington, ex-activiste devenu allié proche du général putschiste Brice Clotaire Oligui Nguema et connu pour son soutien inconditionnel à la junte qui dirige le Gabon, a vécu cette semaine une expérience qui semble remettre en question sa confiance dans le régime qu’il défendait pourtant ardemment.
Mardi donc, après avoir reçu une convocation liée à une simple plainte pour diffamation déposée par un ancien ministre, Landry Amiang Washington s’est présenté devant les autorités, s’attendant à une procédure classique. Cependant, ce qu’il a vécu ce jour-là s’apparente davantage à un cauchemar kafkaïen.
Dès son arrivée au tribunal, Landry Amiang Washington n’a même pas eu l’occasion d’être entendu par un magistrat, encore moins de se défendre contre les accusations portées contre lui. Sans autre forme de procès, il a été escorté par la police directement vers la prison centrale de Sans Famille.
Il a fallu qu’il fasse recours à ses puissants alliés dans le gouvernement pour qu’il soit relaxé.
C’est comme si nos ancêtres ont voulu lui faire vivre les réalités que le Gabonais lambda subit au quotidien dans le système judiciaire du pays sous le CTRI.
Pour une plainte civile, il a été privé de son droit fondamental de s’exprimer, de plaider sa cause, et de contester les allégations portées contre lui.
« On est sortis du cadre des procédures, comme dans l’ancien temps », a-t-il déploré lors d’un direct sur Facebook plus tard.
Cette affaire, bien qu’elle se soit finalement résolue en faveur d’Amiang grâce à ses appuis politiques, soulève des questions troublantes sur l’état de la justice sous la junte.
Les pratiques arbitraires que l’on croyait révolues semblent persister, malgré les promesses des militaires de réformer le système judiciaire et de mettre fin aux abus de pouvoir. Le ministre de la Justice Paul Gondjout, véritable mollusque administratif, n’arrive pas à réformer la machine pourrie.
Ce pseudo-procès sans juge ni audience montre à quel point la junte qui s’était présentée comme une force de libération n’est peut-être qu’un nouveau visage de l’oppression.
Si des soutiens indéfectibles tels que Landry Amiang Washington commencent à douter de l’efficacité du CTRI, alors lentement mais sûrement, le voile se lève sur la véritable nature de ce coup d’État : une mascarade de justice et un vol manifeste du pouvoir au profit d’une élite sans scrupules.
La question reste en suspens : combien de temps encore les Gabonais devront-ils endurer ce simulacre avant que la vérité ne soit pleinement révélée ?