Le casseur Oligui lance un parti politique dit des bâtisseurs

L'Union Démocratique des Bâtisseurs arbore les mêmes couleurs que le PDG.
MBANIÉ–Libreville est en ébullition aujourd'hui avec le lancement grandiloquent de l'Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), le nouveau parti politique du général-président Brice Clotaire Oligui Nguema, en prévision des élections législatives. Si l'événement est sans doute orchestré avec faste, il est difficile de ne pas y voir une parodie démocratique, une gesticulation futile dans un paysage politique déjà absurde.
La première question qui vient à l'esprit, face à cette nouvelle formation politique, est la suivante : à quoi bon ?
Le référendum constitutionnel de novembre 2024 a aboli le poste de Premier ministre. Dans ce nouveau régime présidentiel renforcé, le président détient un pouvoir écrasant. Un parti politique, dans un tel contexte, ne sert-il pas avant tout à masquer la réalité d'un pouvoir centralisé et personnel ? Il s'agit moins d'une véritable compétition idéologique que d'une tentative de légitimation d'un régime, de création d'un semblant de pluralisme là où la décision est déjà prise.
Cette manœuvre est d'autant plus risquée qu'elle intervient dans un climat social tendu. On se souvient encore de la destruction de milliers de logements modestes, sans procédure légale appropriée, laissant de nombreuses familles dans le désarroi. Comment le général-président peut-il espérer bâtir un parti de « bâtisseurs » alors que son régime a été perçu comme destructeur pour les plus vulnérables ? Cette contradiction flagrante risque de saper la crédibilité de l'UDB avant même qu'elle ne prenne son envol.
L'histoire politique du Gabon regorge d'exemples de présidents autoritaires qui ont créé leurs propres partis pour asseoir leur emprise. Omar Bongo Ondimba, par exemple, a longtemps régné sous la bannière du Parti Démocratique Gabonais (PDG), un parti dont l'hégémonie était plus le fruit d'un système que d'une adhésion populaire sincère. Mais même la machine bien huilée du PDG n'a jamais livré des victoires.
Le général-président Oligui Nguema semble vouloir suivre les traces de ses prédécesseurs en créant son propre instrument politique. Cependant, l'histoire nous enseigne que ces partis « présidentiels » sont souvent des coquilles vides, dépourvues de véritable ancrage populaire et dont la survie est intrinsèquement liée au destin de leur fondateur.
La fondation de l'UDB, à la veille d'élections législatives où la vraie bataille sera celle de l'abstention et de la légitimité, apparaît donc moins comme un acte de foi démocratique que comme une nouvelle tentative de cimenter un pouvoir qui peine à se départir de son caractère autoritaire.
Le peuple gabonais, lui, attend toujours de véritables bâtisseurs, capables de reconstruire la confiance et de jeter les bases d'une démocratie authentique, loin des artifices politiques.