Le CTRI brade le Gabon avec des obscurs contrats de gré à gré

Le CTRI brade le Gabon avec des  obscurs contrats de gré à gré
Le patron d'EBOMAF, Mahamadou Bonkoungou, avec le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema.

Avec des contrats lucratifs sans appels d'offres dans les travaux publics, les transports et l'agriculture, Ebomaf ressemble beaucoup à Olam.

MINVOUL — Depuis la prise de pouvoir par la junte militaire du CTRI au Gabon, les signes inquiétants d’un retour à des pratiques douteuses en matière de gestion des affaires publiques se multiplient. Parmi ces pratiques, celle de l'octroi des marchés publics sans aucun respect du processus légal de passation de marchés est particulièrement alarmante.

En effet, des informations circulent selon lesquelles deux contrats très lucratifs auraient récemment été attribués à l’entreprise EBOMAF, basée au Burkina Faso, dans des conditions opaques et hors de tout cadre juridique. Les putschistes, à commencer par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, son ministre des finances Mays Mouissi et celui des transports le général Nziengui, poussent le culot jusqu'à prétendre que les Gabonais doivent être reconnaissants envers eux pour leur génie.

EBOMAF, le nouveau Olam ?

Commençons par la gestion de la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNII), l’entité gabonaise en charge de superviser les transports multimodaux, tant domestiques qu'internationaux. Cette dernière a été cédée tout simplement à EBOMAF, entreprise dirigée par Mahamadou Bonkoungou, entrepreneur burkinabè, selon nos confrères de Gabon Media Time. Pour 20 ans !

Comment expliquer que la même entreprise EBOMAF, qui s'est fait un nom dans le bâtiment, se voit aujourd'hui confier, en plus, des marchés dans le secteur de l'agriculture au Gabon ?

Ce qui choque le plus, ce n'est pas seulement l'ampleur de ces contrats juteux, mais surtout le voile de secret qui les entoure. Ni le montant exact ni les conditions d'attribution ne sont connus, laissant présager que le contribuable gabonais pourrait, une fois encore, payer le lourd prix de ces décisions arbitraires, bien longtemps même après que la junte du CTRI aura quitté le pouvoir.

Fait étrange: en décembre 2022, le chef d'EBOMAF était reçu à la primature par la Première ministre du Gabon de l'époque, Rose Ossouka Raponda. La cérémonie, bien scriptée, s'était conclue par une séance devant les caméras avec, bien en vue, le portrait de l'homme fort de l'époque, Ali Bongo Ondimba.

Le PDG d'EBOMAF avec Rose Ossouka Raponda, décembre 2022 à Libreville. (Gabon 24)

Deux hypothèses: soit le CTRI tente de faire de la récupération mais ne fait qu'entériner des contrats qui avaient déjà été validés par Ali Bongo, soit EBOMAF est pour le CTRI ce que la toute puissante Olam était sous Ali: omniprésente, omnipuissante et abonnée au mépris des lois en vigueur au Gabon. Plus les choses changent, plus elles sont les mêmes, dit-on.

Mensonges, opacité et concussion

Ce n'est pas la première fois que la junte du CTRI, sous le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema et les autres putschistes, agit de manière aussi obscure.

En mai dernier, lors de la visite du général Oligui Nguema en France, des contrats d’une valeur d'un milliard d’euros auraient été signés, selon un reportage des médias d'Etat français.

Mais ce rapport n'a jamais clarifié une question cruciale : à qui profite réellement ce milliard d'euros ? Est-ce au Gabon ou à des multinationales françaises ? Ce manque de transparence est révélateur d’un régime qui semble prioriser ses intérêts privés et ceux de ses alliés au détriment de ceux de la population gabonaise.

Un gouvernement qui fait preuve d'autant d’opacité dans sa gestion ne peut qu’être nuisible pour le Gabon. Les pratiques de la junte du CTRI, qui agit dans l’ombre en se détournant des lois établies pour protéger les finances publiques, sont dangereuses et représentent un grave recul pour le Gabon.

Tant que ces méthodes resteront la norme, il est peu probable que le Gabon puisse envisager un avenir où les ressources nationales sont gérées de manière équitable et transparente pour le bien de tous. Le ministre des finances, Mays Mouissi, doit démissionner.

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