Zoo urbain, Fly Gabon, LBV 2: le CTRI se perd dans ses priorités

Zoo urbain, Fly Gabon, LBV 2: le CTRI se perd dans ses priorités
Fly Gabon, ultime mirage du CTRI vendu aux Gabonais.

Il y a un an, le Gabon a connu un tournant dramatique avec la prise de pouvoir par une junte dirigée par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Au départ, il s’agissait de recadrer le format institutionnel du pays. Mais au final ils se sont fourvoyés en se lançant dans des projets sans tête ni queue.

MOUILA—Au Gabon, emplois, logements, santé, électrification et eau potable ont cédé la place à un vaste répertoire de projets aux allures d’un éléphant blanc. A coups de milliards. Le tout sans que le contribuable n’y trouve son compte.

Une panoplie de promesses

La junte du CTRI a inondé les médias de discours sur des projets extravagants. Parmi ceux-ci, on compte notamment la construction de trams modernes, un zoo urbain hébergeant des animaux féroces, et même le lancement d’une nouvelle compagnie aérienne prétendument gabonaise, FLY GABON. Les généraux et leurs affidés ont aussi promis la création de "Libreville 2", une seconde capitale supposée représenter un nouveau départ pour le pays.

Entre temps, le vrai Libreville hors maquette manque d’eau et d’électricité, tandis que Dame SEEG continue à faire des siennes.

Zoo urbain à la résidence d’Oyo

L’annonce à grande pompe de l’ouverture d’un zoo avec des animaux féroces en milieu urbain relève plus du divertissement que d'une priorité nationale. Dans un pays où une grande partie de la population manque des services de base, tels que l’eau potable et l’électricité, ce projet apparaît comme une aberration.

Il est difficile de comprendre comment ce zoo pourrait améliorer la qualité de vie des Gabonais. Surtout qu’il se trouve dans le domaine de feu Omar Bongo entre Alibandeng et les Charbonnages. Et ce n’est pas gratuit. De toute évidence, un projet sorti tout droit du canevas de Lee White, le Tarzan écossais du Gabon.

Au Congo voisin, le zoo urbain de Brazzaville a abouti à une catastrophe: les populations affamées durant la guerre civile avaient fini par manger toutes les bêtes. Où est donc passé le très critique Marc Ona Essangui?

Afrijet prête son nom à Fly Gabon?

Le CTRI avait aussi pompeusement annoncé la création de Fly Gabon, une compagnie aérienne nationale. Le nouveau Air Gabon, sans son perroquet vert. Mais il y a un gros bémol: les concepteurs du projet (deux pilotes d’origine gabonaise exerçant aux USA) ont été mis de côté au profit de copains et de coquins qui ne comprennent rien au domaine de l’aviation.

Résultat: Fly Gabon n’a de gabonais que le nom. Les avions sont loués, le personnel est en grande partie étranger, et les profits ne bénéficient en rien à l’économie nationale. Selon un activiste célèbre, il paraît même que c’est Afrijet qui se déguise! Encore une fois, il s’agit d’une façade destinée à donner l’illusion d’un développement national.

Libreville 2 comme la cathédrale de Gbadolite?

Enfin, il y a la proposition grotesque de construire "Libreville 2" comme une seconde capitale. Folie de grandeur ou tentative désespérée de créer une image de modernité et de développement sous le CTRI? Après tout ce serait la seule chose que les Bongo ne pourront pas dire avoir créée.

Cependant, les experts soulignent que cette nouvelle capitale n’est qu’un projet fantasque, irréalisable dans les conditions économiques et politiques actuelles du Gabon. Un pays surendett qui, pour couvrir sa dette envers Paul va emprunter chez Pierre. Enfumage total.

Les Gabonais tirent le diable par la queue

Entre temps, sous cette avalanche de promesses grandioses du CTR, la réalité des besoins fondamentaux de la population gabonaise est largement ignorée.

La majorité des citoyens manquent toujours des éléments les plus basiques de la pyramide de Maslow : nourriture, sécurité, logement, et accès aux soins de santé.

De nombreux Gabonais n’ont toujours pas accès à l’eau potable et à une alimentation électrique fiable. Ces infrastructures essentielles sont laissées pour compte alors que les fonds publics sont dilapidés dans des projets irréalistes.

Le système éducatif et les services de santé sont dans un état déplorable. Les écoles manquent de ressources, et les hôpitaux sont sous-équipés et surchargés. Beaucoup de familles luttent pour mettre de la nourriture sur la table, et l’agriculture locale n’est pas suffisamment soutenue pour répondre aux besoins nationaux.

Les promesses de modernisation ne se sont jamais concrétisées dans ces secteurs vitaux.

En clair, la junte du CTRI qui dirige aujourd’hui le Gabon a offert à la population une série de mirages et de promesses grandioses sans fondement réel.

Un an après la prise de pouvoir par les militaires, il est clair que ces projets ne sont que des distractions pour masquer leur incapacité à répondre aux besoins fondamentaux du peuple gabonais.

Les Gabonais méritent mieux que des illusions ; ils méritent des actions concrètes pour améliorer leur quotidien. Il est temps de remettre les priorités à leur place et de s’atteler aux véritables défis auxquels le Gabon est confronté. Le CTRI en est-il capable?