Le PDG, ex-parti d'Ali Bongo, valide l'agenda du putschiste Oligui
Nous sommes contraints de nous poser la question : le CTRI et le PDG ne seraient-ils qu’une seule et même entité ?
MALIBÈ II — Il est difficile de ne pas être stupéfait en apprenant que le Parti démocratique gabonais (PDG), autrefois parti-État au Gabon, a pu organiser en toute liberté sa rentrée politique à Libreville ce samedi.
Comment une telle démonstration publique est-elle possible alors que le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), dirigé par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, avait pourtant annoncé la suspension de toute activité politique jusqu'à nouvel ordre ?
Comble de l'ironie : le premier vice-président du parti, Paul Biyoghe Mba, a appelé à voter « OUI » au référendum controversé prévu par le CTRI. Faisant écho au responsable, lors de la rencontre, on peut entendre un animateur déclarer le soutien de l'ex-parti unique au général tombeur de leur régime — sous les applaudissements de l'assistance. Une scène qui a suscité des interrogations parmi les Gabonais lambda.
Cela fait réfléchir sur le véritable objectif du dialogue national dit inclusif, tenu en avril dernier. Lors de cette rencontre, il avait été suggéré que les cadres du PDG seraient interdits de toute fonction politique pour une durée de trois ans. Cette promesse n'était-elle qu'un écran de fumée ? Comment une telle réunion du PDG pourrait-elle avoir lieu sans l'approbation du CTRI ?
Ce qui rend cette situation encore plus troublante, c'est qu'elle intervient à quelques jours après un autre événement qui a choqué la nation. Les Gabonais ont vu, avec stupéfaction, Marie-Madeleine Mborantsuo, l'ex-présidente de la Cour constitutionnelle, plaider comme avocate en chef pour le Gabon devant la Cour internationale de justice dans un différend territorial avec la Guinée équatoriale. Comment expliquer qu’une figure aussi emblématique du régime déchu joue encore un rôle aussi central dans les affaires de l'État ?
Nous sommes donc contraints de nous poser la question : le CTRI et le PDG ne seraient-ils qu’une seule et même entité ? Tout semble indiquer que les apparences de changement étaient illusoires et que les structures de pouvoir restent, en vérité, inchangées. Gabon, où va-t-on ?