Oligui doit chasser l'armée française du Gabon
Le Gabon, pays du général Nazaire Boulingui, doit fermer la base militaire française « 6e BIMA » à Libreville.
MALINGA – Ces dernières années, une vague de contestation a balayé l’Afrique francophone, poussant plusieurs pays – Mali, Niger, Burkina Faso, et plus récemment le Tchad et le Sénégal – à remettre en question la présence militaire française sur leur sol. Ces décisions, bien que controversées à un certain égard, traduisent une aspiration profonde : celle de réinventer les relations entre la France et ses anciennes colonies, en basant ces relations sur des principes de respect mutuel et de réciprocité. Le Gabon, pays stratégique en Afrique centrale, devrait saisir cette opportunité historique pour emboîter le pas en fermant la base militaire française « 6e BIMA » à Libreville.
Une souveraineté à redéfinir
La présence d’une base militaire étrangère est, en soi, un symbole de dépendance. La base du « 6e BIMA » (Base Interarmes des Forces Françaises au Gabon) représente un vestige d’un passé colonial qui continue de peser sur la souveraineté nationale.
En fermant cette base, le Gabon va envoyer un message clair : il est temps de tourner définitivement la page d’un partenariat asymétrique qui ne reflète plus les réalités du 21ᵉ siècle.
Des partenariats basés sur la réciprocité
La diplomatie moderne exige des relations équitables. Pourquoi les troupes françaises continuent-elles de bénéficier d’une implantation permanente au Gabon alors que la réciproque est inexistante ?
Si la France affirme vouloir aider ses partenaires africains à lutter contre l’insécurité, cette aide devrait être ponctuelle, sur invitation, et non conditionnée par des bases permanentes.
Le Gabon pourrait explorer des partenariats plus diversifiés avec d’autres puissances mondiales (Indonésie, Cuba, Afrique du Sud, Brésil) ou s’appuyer sur une coopération régionale renforcée via la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC). Cela permettrait de mettre fin à une dépendance sécuritaire vis-à-vis d’un seul acteur.
Un impact symbolique pour l’Afrique francophone
En fermant la base du « 6e BIMA », le Gabon rejoindrait un mouvement plus large en Afrique francophone, où les peuples réclament une véritable autonomie. Le Mali, le Burkina, le Niger et dans une moindre mesure la Guinée de Sékou Touré ont déjà tracé ce chemin. On ajoute aussi le Tchad et le Sénégal en ce mois de novembre 2024.
Ce geste symbolique renforcerait la solidarité africaine et enverrait un signal fort aux anciennes puissances coloniales : l’époque des relations paternalistes est révolue.
Un repositionnement stratégique
Libéré de la tutelle militaire française, le Gabon pourrait redéfinir son rôle sur la scène régionale et internationale. Ce repositionnement renforcerait son image de pays indépendant et souverain, tout en lui permettant d’approfondir sa coopération avec des partenaires partageant les mêmes valeurs.
Respecter la volonté populaire
Les critiques contre la présence militaire française ne viennent pas uniquement des élites politiques, mais aussi des populations africaines elles-mêmes. L’opinion publique gabonaise, comme dans d’autres pays de la sous-région, perçoit ces bases comme une ingérence étrangère à peine déguisée.
En fermant la base du « 6e BIMA », le Gabon répondrait à une demande populaire légitime et renforcerait la confiance entre ses dirigeants et son peuple.
Le 21ᵉ siècle doit marquer la fin d’une ère où les relations internationales étaient dictées par la domination et la dépendance. En fermant la base militaire française du « 6e BIMA », le Gabon aurait l’occasion de réaffirmer sa souveraineté, d’embrasser une diplomatie fondée sur le respect mutuel, et de jouer un rôle de pionnier dans le renouveau des relations entre l’Afrique et le reste du monde.
L’heure est venue pour le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de la junte du CTRI, de s’inscrire à jamais dans l’histoire du Gabon comme un symbole d’émancipation et de modernité.