Oligui force les ministres en congés à faire sa campagne au village
Dans un communiqué laconique, le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi a décrété l‘interdiction aux ministres de quitter le territoire du Gabon pendant leurs congés.
MÉKAMBO — Il y a des décisions qui, sous couvert de patriotisme ou de préservation des intérêts nationaux, révèlent en réalité des dérives autoritaires. La dernière annonce du général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, à la tête de la junte qui dirige actuellement le Gabon depuis un an, en est un parfait exemple.
Permettre aux ministres de prendre une semaine de vacances, mais en les contraignant à rester « exclusivement » sur le territoire national et de préférence dans leurs « localités d'origine », ne relève pas seulement de l'ingérence dans le contexte du Code du Travail qui consacre l’inviolabilité du temps libre d’un employé, mais il s’agit aussi d'une manipulation à peine voilée.
Soyons clairs : un ministre, malgré sa position élevée au sein du gouvernement, reste un employé de l'État. Son temps de vacances lui appartient, et il est libre de le passer comme bon lui semble, que ce soit au sein du pays ou à l'étranger.
L'État, ou plus précisément, son supérieur hiérarchique, n'a aucun droit de dicter où et comment il doit passer son temps de repos. Ce que le général Brice Clotaire Oligui Nguema a ordonné ici est non seulement abusif, mais aussi totalement illégal.
Cette directive, si elle venait à être appliquée, constituerait une violation flagrante de la Constitution gabonaise, qui garantit la liberté de mouvement et la protection de la vie privée des citoyens, y compris ceux qui occupent des postes au sein du gouvernement.
Des conscrits pour la campagne
Mais au-delà de l'aspect juridique, cette décision cache une intention bien plus inquiétante. En forçant les ministres à passer leurs vacances dans leurs régions d'origine, le chef de la junte cherche en réalité à les mobiliser pour une mission politique : défendre son pouvoir auprès des populations locales.
Sous couvert de vacances, les ministres sont donc contraints de mener une campagne de propagande en faveur du putschiste en chef, utilisant leur position d'autorité pour influencer et manipuler les opinions locales.
Dans un système véritablement démocratique, où le pluralisme politique est respecté, de telles pratiques seraient tout simplement inacceptables.
Mieux, le Parlement devrait se saisir de ce dossier et exiger des explications à l’exécutif. Mais les députés et sénateurs ne peuvent rien faire, vu qu’ils ont tous été nommés par Oligui Nguema. Or, comme aime bien le rappeler le tribun Wilfried Okoumba Kamitatou, « Celui qui a le pouvoir de nomination a aussi le pouvoir de révocation ».
En clair, nos grands défenseurs des libertés de hier (Marc Ona Essangui, Geoffroy Le Fou Libeka et les autres) ont peur de perdre leur poste.
Cette tentative de militariser le temps de repos des ministres montre bien la nature autoritaire du régime en place.
En cherchant à transformer des congés légitimes en instruments de propagande, Oligui ne fait que confirmer les pires craintes : son gouvernement n'est pas seulement un régime de transition, mais une tentative délibérée de consolidation du pouvoir par tous les moyens possibles, même les plus sordides.
Réveillons-nous, la dictature est déjà là!
Il est temps que les citoyens gabonais, ainsi que la communauté internationale, se lèvent contre de telles dérives.
Le Gabon mérite mieux qu'un régime qui bafoue les droits fondamentaux de ses citoyens, y compris ceux de ses ministres.
Les vacances sont un droit, pas une obligation de servir un régime autoritaire. Forcer les ministres à « prendre des vacances » dans leurs localités d'origine pour défendre Oligui est une insulte à la démocratie, à l'État de droit, et à la dignité humaine. Basta!