Oligui, le bâtisseur-casseur, s'envole pour Washington

Énième tentative de légitimation d'un chef d’État de pacotille.
MBANIÉ — C’est officiel : du 9 au 11 juillet, le général-président du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema, foulera le sol de Washington pour ce qui est présenté comme une visite de travail. Mieux encore, les communiqués dithyrambiques de ses proches évoquent une rencontre avec le président des États-Unis, Donald Trump.
Ce serait presque risible si ce n’était pas tragique. Derrière cette manœuvre diplomatique désespérée, c’est une nouvelle tentative de légitimation que poursuit un chef d’État de pacotille, en mal de reconnaissance internationale.
Mais ne nous y trompons pas : cette invitation ne saurait masquer le désastre diplomatique dans lequel Oligui s’enfonce jour après jour.
Une diplomatie sans fil conducteur
Le monde entier a vu, a compris, et a tourné le dos. Il n’y a qu’à observer les dernières humiliations publiques qu’il a essuyées : reçu à Paris par un simple ambassadeur en 2024, alors qu’il se croyait attendu à l’Élysée comme un héros du renouveau africain ; ignoré royalement au Maroc peu après, malgré ses tentatives de séduction diplomatique ; désormais hué chaque week-end par une diaspora gabonaise inflexible qui a fait du Trocadéro un théâtre de résistance au régime du PDG-CTRI.
On n'oubliera pas Mbanié
Oligui veut faire oublier aux Gabonais la pitoyable performance de son équipe devant la Cour internationale de justice dans l’affaire de l’île Mbanié. Ce territoire contesté par la Guinée équatoriale aurait pu être définitivement reconnu comme gabonais si le régime du PDG-CTRI avait simplement produit la version originale de la convention signée en 1972, accordant ladite souveraineté au Gabon. Mais non. Ce document a mystérieusement disparu, comme par enchantement. Est-ce de l’incompétence ? De la négligence ? Ou, pire encore, une stratégie volontaire d’abandon territorial ? Dans tous les cas, c’est un cas de haute trahison.
Oublier l'humiliation de 2024
Alors, pourquoi cette précipitation à s'afficher à Washington ? Pourquoi cette insistance à rencontrer Trump, un an après avoir été publiquement humilié en octobre 2024, lorsque la Maison Blanche de Biden avait décliné sa demande d’audience ?
À l’époque, ni le président américain, ni le secrétaire d’État, ni aucun ministre n’avaient daigné lui accorder quelques minutes. À la place, c’est le général JP McGee, un obscur militaire du Pentagone, qui l’avait reçu – et encore, dans une salle secondaire. Ce genre d'affront, dans les cercles diplomatiques, ne s'oublie pas. Et visiblement, Oligui ne l’a pas digéré. Il tente donc de se rattraper.
Oligui veut laver l’affront, gommer l’humiliation, effacer le mépris qu’il a récolté en raison de son illégitimité et de son incapacité à incarner autre chose qu’un régime militaire en sursis. Mais un voyage ne répare pas une image ternie. Une poignée de main ne restaure pas la crédibilité. Un cliché devant la Maison Blanche ne vaut pas reconnaissance.
Un geste spectaculaire vide de sens
En réalité, Brice Clotaire Oligui Nguema est un homme en quête de validation. Insecure. Isolé. Instable. Il tente de gouverner un pays qu’il ne comprend pas, par des gestes spectaculaires vides de sens, et avec une vision diplomatique à la dérive. Un homme qui préfère le paraître à l’être, la posture à la conviction, la mise en scène à l’action.
Et c’est précisément ce qui le rend dangereux pour la République gabonaise.
Car un chef d’État qui a besoin de s’afficher sur les tapis rouges à l'étranger alors qu'il détruit des quartiers entiers sans plan de relogement des déguerpis n’a rien à offrir à son peuple. Rien, sinon le chaos. Rien, sinon la honte. Rien, sinon l’érosion lente, mais certaine, de la dignité des Gabonaises et des Gabonais. Et cela, aucun voyage à Washington ne pourra jamais le camoufler.