Oligui mal élu? Daniel Mengara saisit la justice gabonaise
Un recours en vice de procédure a été déposé contre la désignation du général Brice Clotaire Oligui Nguema comme président de la transition.
MELEN — Un recours a été déposé ce jeudi devant la Cour constitutionnelle de la transition du Gabon pour contester la légalité du processus par lequel le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a été désigné président de la transition.
Cette action en justice a été intentée par le Dr Daniel Mengara, figure de longue date de l'opposition en exil et leader du mouvement Congrès des Citoyens Libres, ainsi que par une demi-dizaine de ses associés.
Le Dr Mengara, un professeur d’université basé aux États-Unis, jouit d'une réputation solide en tant que puriste incorruptible. Il est considéré par beaucoup comme l’un des pionniers du cyberactivisme en Afrique.
La Charte comme témoin
Dans leur requête, les plaignants soutiennent que le général Oligui Nguema a été désigné président de la transition de manière secrète, de nuit, une procédure qui, selon eux, va à l'encontre des Articles 35 et 38 de la Charte de la Transition.
L'Article 38 stipule que « tout Gabonais, civil ou militaire », peut être candidat à la présidence de la transition, tandis que l'Article 35 exige que la transition soit conduite conformément à l'État de droit.
Ainsi, selon les plaignants, un appel à candidatures aurait dû être lancé publiquement avant la désignation du président de la transition.
On joue au damier ou au songho?
Les enjeux de cette affaire sont cruciaux : les autorités judiciaires de la transition peuvent-elles rendre un verdict impartial ?
Seraient-elles prêtes à ordonner une nouvelle élection du président de la transition avec un appel à candidatures préalable ouvert aux civils et aux militaires ?
Si la Cour ne peut pas démontrer son impartialité dans cette affaire, comment pourrait-on lui faire confiance pour statuer équitablement lors du contentieux qui fera inévitablement suite à l'élection présidentielle prévue l'année prochaine ?
L’enjeu, en clair, est de tester aux yeux du monde si la Justice en tant qu’institution a été restaurée par le CTRI. En 2020, la justice du Malawi avait annulé l’élection du président Peter Mutharika et ordonné un nouveau scrutin. Au final, l’opposant Lazarus Chakwera est parvenu à le battre et tous se sont pliés au résultat.
Le Dr Daniel Mengara, en fin de compte, se révèle peut-être être un véritable maître dans l'art du jeu politique. On dirait qu’il joue au songho et non au jeu de dames.