Oligui proclamé roi du Gabon par son propre frère

L'ironie du sort, c'est que c'est Alain Claude Bilie by Nze, ex-pédégiste, qui incarne désormais la rupture.
MALINGA — Le 12 avril dernier, le Gabon a assisté à une farce électorale d’un autre âge. Le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de la junte au pouvoir depuis le renversement d’Ali Bongo en août 2023, a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle avec un score écrasant (et surréaliste) de 94,85 % des voix. Oui, vous avez bien lu : 94,85 %! Des chiffres qui rappellent davantage les mises en scène soviétiques que des consultations démocratiques modernes.
Mais le plus grotesque — ou tragique, selon le point de vue — c’est que les résultats finaux ont été proclamés ce vendredi 25 avril 2025 par nul autre que le frère du général-président lui-même. En effet, le président actuel de la Cour constitutionnelle de la transition du Gabon n'est autre que Dieudonné Aba'A Oyono, un membre de sa famille, nommé en septembre 2023 par Oligui pour succéder à Marie-Madeleine Mborantsuo, qui avait occupé ce poste pendant 32 ans.
On prend les mêmes et rebelote
Ce scénario n’est pas sans rappeler les années Bongo, où un parent proche du président occupait également la plus haute fonction judiciaire du pays. Changer les visages, mais pas les pratiques : voilà le triste refrain du pouvoir gabonais. L’espoir suscité par la fin du règne Bongo s’effrite rapidement, laissant place à une continuité autoritaire. L'ironie du sort, c'est que c'est Alain Claude Bilie by Nze, ex-pédégiste, qui incarne désormais la rupture.
Malgré les discours sur la restauration de la démocratie et la moralisation de la vie publique, le pouvoir reste concentré entre les mains d’un clan, et la mascarade électorale du 12 avril ne fait que renforcer cette emprise. En l’absence d’un véritable contre-pouvoir, la transition gabonaise semble emprunter le chemin bien connu des républiques bananières, où la famille, le grade militaire, et le clientélisme remplacent les urnes et les voix citoyennes.
Le peuple gabonais mérite mieux qu’un simulacre. Il mérite une véritable démocratie, pas une mise en scène où le rideau se lève pour révéler les mêmes dynamiques de pouvoir, juste maquillées sous une autre bannière.