Oligui snobé par Biden et Harris à Washington

Oligui snobé par Biden et Harris à Washington
Le général Brice Clotaire Oligui Nguema (à droite) accueilli par le général d'armée JP McGee au Pentagone, le 28 septembre 2024. (Photo: Présidence)

En visite aux USA, Oligui Nguema s'est contenté de serrer la main du général Charles Q. Brown qui ne détient même pas le rang de ministre.

MIMONGO — La visite au Pentagone du général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, le leader de la junte qui dirige le Gabon, restera sans doute dans les annales comme un épisode embarrassant de la diplomatie gabonaise. Accompagné de trois ministres de premier plan - celle de la Défense Félicité Ongouori Ngoubili, celui des Affaires étrangères Régis Onanga Ndiaye, et le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, ministre chargé de Mission à la Présidence et Porte-Parole du CTRI - tous parés de leurs plus beaux habits, le général espérait sans doute marquer un coup. Mais ce qui devait être une rencontre de haut niveau avec les autorités américaines s'est transformé en une leçon d'humilité pour la délégation gabonaise.

Qui a-t-il rencontré ? Pas Joe Biden, pas Kamala Harris, et encore moins Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense, l’homme à la tête du Pentagone. Non, Brice Clotaire Oligui Nguema a d'abord été accueilli par le général JP McGee, un simple directeur au sein de l'état-major interarmées des États-Unis, avant de rencontrer avec le général Charles Q. Brown Jr., qui coiffe les chefs d’état-major interarmées des États-Unis. Certes, le général Brown est une figure militaire respectée, mais il ne détient même pas le rang de ministre dans la hiérarchie américaine. Cette rencontre aurait pu se dérouler dans l’ombre, tant elle reflète un désintérêt évident des plus hautes autorités américaines.

Le CTRI va d'erreur en erreur

Comment expliquer un tel camouflet ? D'abord, il faut comprendre que la junte gabonaise, issue d'un coup d'État il y a un an, est encore largement perçue comme illégitime sur la scène internationale. Les États-Unis, soucieux de préserver leur image de défenseur de la démocratie, n'ont sans doute pas voulu accorder une reconnaissance diplomatique trop marquée à un pouvoir non-élu.

En n'envoyant ni le président Joe Biden, ni la vice-présidente Kamala Harris, ni le secrétaire à la Défense Lloyd Austin, Washington a envoyé un message clair : le Gabon, sous la direction d'Oligui Nguema, n'est pas une priorité.

Pour le CTRI, cette visite ratée met en lumière l'échec de sa stratégie diplomatique. Loin d'obtenir les faveurs de Washington, la délégation gabonaise a surtout affiché une méconnaissance des codes diplomatiques et une surestimation de son importance aux yeux des grandes puissances. Se rendre dans l’une des capitales les plus influentes du monde pour ne rencontrer qu'un haut gradé militaire sans véritable pouvoir politique est un signe clair : la junte gabonaise n’a pas réussi à se faire respecter sur la scène internationale.

En clair, cette visite au Pentagone (et non à la Maison Blanche) est un échec diplomatique retentissant pour Brice Clotaire Oligui Nguema et son gouvernement.

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