Quel Oligui face à la presse : le menteur en treillis ou l'idiot armé?
Une chose est claire : le vrai changement au Gabon ne viendra pas de Brice Clotaire Oligui Nguema.
MABANDA— Ce mardi soir, tous les regards au Gabon et dans la diaspora seront tournés vers le petit écran. Le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de la junte du CTRI, sera face aux journalistes de la télévision nationale. À quelques jours du scrutin présidentiel du 12 avril, il est censé expliquer ses promesses de campagne, justifier son ambition de prolonger son séjour au sommet de l’État, et tenter de convaincre les électeurs qu’il est l’homme de la situation.
Mais la véritable question que se posent de nombreux Gabonais n’est pas tant ce qu’il dira, mais qui parlera vraiment.
Car deux visages d’Oligui cohabitent depuis son arrivée au pouvoir.
Il y a d'une part Oligui le menteur invétéré, un calculateur qui annonce des réformes tout en consolidant discrètement un pouvoir personnalisé. Cet Oligui promet une rupture avec le système Bongo tout en recyclant les pratiques les plus opaques du régime précédent. Ce visage-là, quand il apparaît, enfile le costume de la sincérité tout en débitant des contrevérités connues de tous. C'est le candidat du PDG-CTRI.
Mais il y a un autre Oligui.
Le second est celui du « soldat perdu », ce militaire parachuté à la tête d’un pays, visiblement dépassé par les enjeux, qui oublie ses propres engagements, balbutie face aux journalistes, et semble découvrir en direct le rôle qu’il a pourtant lui-même revendiqué. Un général certes dangereux parce que muni d'un pistolet, mais désarmé face aux réalités de la gouvernance.
Alors, lequel de ces deux Oligui verra-t-on ce soir ?
Le manipulateur stratège qui espère prolonger sa mainmise sur le Gabon par des promesses impossibles à tenir ? Ou l’improvisateur confus, qui parle sans convaincre, mais espère tout de même se faire élire faute d’alternative crédible ?
Dans les deux cas, la conclusion reste la même : les Gabonais méritent mieux.
Ils méritent un dirigeant qui obtient la légitimité par des actes clairs, une vision partagée et un respect inconditionnel des règles démocratiques. Ils méritent un leader capable de vérité, de cohérence et de respect du peuple.
Ce soir, Brice Clotaire Oligui Nguema tentera peut-être de se réinventer. Mais après 19 mois de transition confuse, de décisions contradictoires et de concentration du pouvoir, le doute est plus fort que jamais.
À défaut de savoir quel Oligui s’exprimera, une certitude émerge : le vrai changement ne viendra pas de lui.
