Tournée africaine: Oligui Nguema s’amourache des autocrates

Tournée africaine: Oligui Nguema s’amourache des autocrates
Le général Oligui Nguema (à g.) avec Paul Biya du Cameroun. (Source: Présidence du Gabon)

Le chef de la junte du CTRI est fasciné par des leaders connus pour la fraude électorale, ce qui laisse entrevoir des perspectives inquiétantes pour l'avenir du Gabon.

MITZIC — Les déplacements à l'étranger des dirigeants sont souvent révélateurs de leurs affinités politiques et de leurs intentions futures. Dans le cas du chef de la junte qui dirige le Gabon depuis bientôt un an, à savoir le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, les choix de ses destinations internationales au cours des onze derniers mois sont pour le moins inquiétants.

En effet, le patron des putschistes du CTRI affiche une préférence envers les pays dirigés par des chefs d'État autoritaires qui rejettent la limitation des mandats et se maintiennent au pouvoir pendant des décennies.

Un signal alarmant pour l'avenir de notre pays.

Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es

Le général Oligui Nguema a visité plusieurs pays au cours de cette période parmi lesquels la Guinée équatoriale, le Cameroun, la République du Congo, l'Ouganda, le Tchad et le Rwanda. La vaste majorité de ces pays ont en commun des régimes politiques où les dirigeants sont mal élus et se maintiennent au pouvoir depuis de nombreuses années, parfois des décennies, sans pour autant que le quotidien de leurs concitoyens ne s’améliore. Par exemple, Teodoro Obiang Nguema en Guinée équatoriale est au pouvoir depuis 1979, Paul Biya au Cameroun depuis 1982, et Yoweri Museveni en Ouganda depuis 1986.

Si dans le cas du Cameroun et de la Guinée équatoriale on pourrait quelque peu justifier en disant qu’il s’agit de pays voisins, mais comment expliquer le périple en Ouganda? Au Maroc? Au Rwanda?

Comme un dégoût envers les démocraties africaines

Ce qui rend ces choix de voyage encore plus préoccupants, c’est l'absence de visites dans des pays africains considérés comme des modèles de démocratie.

Le général Oligui Nguema (à droite) main dans la main et tout sourires avec Denis Sassou Nguesso du Congo. (Photo: Présidence du Gabon)

Des pays comme le Botswana, le Ghana, la Namibie, ou même le Bénin qui respectent les limites de mandat et vivent des transitions démocratiques pacifiques, ne figurent pas sur l'agenda du général Oligui Nguema. Ce manque d'intérêt pour les démocraties africaines contraste fortement avec sa proximité apparente avec les régimes autoritaires.

En clair, le général putschiste Oligui Nguema est fasciné par des leaders connus pour la fraude électorale, la gestion autocratique et pour leur mépris des limites de mandat. Pour faire plus simple: Oligui aime ceux qui tripatouillent la constitution de leurs pays pour rester au pouvoir indéfiniment.

En privilégiant ces destinations, on dirait que le général Oligui Nguema semble montrer son admiration, voire son intention, d'adopter un modèle similaire. C’est comme si il veut nous annoncer qu’il aspire à être président à vie au Gabon, comme Omar Bongo, son mentor.